"Malédiction!", peut être un titre prémonitoire, car ce jeu, nommé au prestigieux SDJ ne l'obtiendra pas au profit d'un autre jeu, lui aussi (prochainement) présent dans le catalogue de l'éditeur québécois Filosofia et dont le fameux auteur, Reiner Knizia, se croyait maudit tant il avait fait souvent parti des finalistes sans jamais décrocher la timbale.

Mais la véritable malédiction qui plane sur le plus prestigieux prix couronnant un jeu de société est qu'aucun jeu de cartes n'a jamais eu droit à la première place.

Pourtant, ce test pourrait bien vous montrer que le jeu avait tous les ingrédients pour concocter au jury un fabuleux philtre d'amour...

Matériel

Bon, on vient de vous le révéler : Malédiction ! est un jeu de cartes.

Donc pas de matériel à vous remplir une boite prête à déborder, mais du bon matériel cependant.

Les illustrations ont vraiment leur style et certains pourraient se sentir très proches de l'univers de Terry Pratchett, par exemple.

Tant mieux, le jeu en lui-même s'y prête bien...

Que dire donc des cartes une fois qu'on a parlé des illustrations ?

Qu'elles sont de bonne qualité ?

Elles le sont.

Reste que cette boîte, qui aurait pu être aisément deux fois plus petite (mais on connait la politique "effet de gamme" de l'éditeur Alea) comporte aussi quelques jetons et marqueurs, pour compléter la recette et que ceux-ci sont bons également, n'étant pas de simples cubes et/ou consorts, nous permettant de nous laisser entrer dans le thème et d'y rester jusqu'à la fin de la partie, j'avoue...

Reste cependant que le jeu posé sur la table ne paye pas de mine.

Enfin, lisez tout de même la suite où l'on parle d'une règle, une règle Filosofia, donc un bon matériel car bien faite...

Mais là j'ai déjà attaqué le second plat...

Règles

Bah voilà, comme d'hab...

Si parfois on peut se dire qu'une règle VF ne fait pas un jeu on peut quand même reconnaitre que la plupart de celles étant "traduites" sont au final magnifiquement bien faites.

On retrouve donc, tout comme dans la quasi totalité des règles de l'éditeur, une règle bien expliquée et détaillée, la liste complète des pouvoirs des personnages (et celle des formules magiques : mais que demande le peuple ?) vite retrouvable (mais bon, les cartes suffisent à elles-même) et cette fameuse colonne récapitulative qui améliore la lisibilité des règles à 300% ...

Impossible non plus de ne pas applaudir la règle en elle-même.

J'entends par là non pas sa rédaction ou sa mise en page mais les mécanismes du jeu eux-mêmes et le plaisir, le fun, le dynamisme qui en découlent.

Le jeu reste familial tout en permettant à chacun, en se faisant de vilains coups, en riant et maudissant (d'où le titre ?) de bien réfléchir à la tactique à mettre en place, à tenter de deviner ce que chacun prépare...

Bref, tout cela est bien riche et vous pourriez faire du contenu de ce chaudron votre dessert préféré !

S'il y a un point à souligner, c'est la façon de jouer, qui n'est pas à tour de rôle et fait de ce jeu un jeu quasi joué en "simultané", demandant à chacun de bien réfléchir si prendre la main est un avantage, s'il faut être gourmand ou pas...

bref, on ajoute donc "guess" et, si ce n'est du "stop ou encore", une idée de "quitte ou double" fort sympathique.

Et tout ça reste aussi léger qu'un voyage en balai volant ! chapeau ...

Durée de vie

Difficile d'évaluer un jeu après un nombre de parties restreint.

Mais voilà : le jeu est familial et très immersif, peut-être de part cet humour volatile qui est parsemé dans les textes, noms et interactions qui caractérisent bien l'objet.

Ajoutez à ça des petites variantes (ou plutôt adaptations) proposées avec le nombre de joueurs fluctuant et la fameuse interaction qui se marie au guess dans un savoureux dosage qui généralement fait que le jeu se bonifie en jouant contre les mêmes adversaires : vous obtenez un mélange parfait, bien pétillant, qui devrait éviter des parties qui se ressemblent.

Bref, la formule magique pour une durée de vie conséquente.

Il se murmure même les soirs de pleine lune que ce jeu pourrait devenir un classique dans les ludothèques.

Mais au pays des sorcières et des philtres d'amour, la rumeur est toujours présente : oyez et venez donc y goûter une lampée ou deux pour y donner votre avis.

Et si vous ne le faites pas, vous pourriez être changé en grenouille !

Le conseil de Jedisjeux

Le texte du jeu apportant beaucoup au plaisir en général et bien plus particulièrement sur ce jeu-là, nous vous conseillons d'opter pour la version francophone.