Voilà 12 ans, depuis 1998, que Jungle jam grattouillait l'échine, turlupinait, escagassait, horripilait les auteurs de Jungle Speed !!
Les gens de Weekend Games (Laurent Levi et Michel Lalet), qui ont signé le jeu en 1998, justement, ont été les premiers à tenter à plusieurs reprises de négocier avec Flitzebogen (maintenant Touchmore GmbH), la société allemande qui éditait le jeu, mais sans réussite.
Craignant qu'un procès soit trop coûteux et hasardeux (les auteurs auraient été alors seuls et il aurait fallut lancer une action en Allemagne - un avocat leur a même dissuadé de le faire-), les auteurs ont donc assisté, impuissants, à l'essor de Jungle jam, en Allemagne en particulier.
Flitzebogen a poussé le bouchon jusqu'à déposer la marque Jungle Speed en Allemagne et aux USA, ce qui a forcé à changer le nom du jeu d'origine en "Arriba" lorsque Goldsieber en a fait une version germanique.
Inutile de vous dire que la pilule était dure à avaler !!
Et pourtant, une première enveloppe SOLEAU avait été déposée à l'INPI en 1991 et une seconde en 1996, en vue de la commercialisation du jeu.
Et le jeu était connu puisqu'il était présenté au concours de créateurs de jeux de Boulogne Billancourt en 1996 et en 1997 (il reçoit même cette année là le prix Ludexpo décerné par "Ludorama").
En 1998, il est présenté au salon professionnel de Paris. Flitzebogen ne réussissant pas alors de se mettre d'accord avec les auteurs, il commettra son "Jungle Jam".
Et puis le temps a passé, Jungle jam avait presque disparu des radars ludiques...
Jusqu'à ce que...
... Jusqu'à ce que JouéClub tente de vendre le jeu en France à l'automne 2007, utilisant même la PLV du Jungle Speed pour vendre Jungle Jam!
Assurés du soutien financier d'Asmodée, les auteurs ont décidé d'en découdre une fois pour toute. Un premier référé leur a donné entièrement raison et a stoppé net la commercialisation de Jungle Jam en Décembre 2007.
Cette première décision était évidemment très encourageante mais le jugement sur le fond restait incertain tant le terrain, dans le domaine du jeu de société, était vierge.
Enfin, après 2 ans 1/2 de procédure pour juger l'affaire sur le fond, le verdict du TGI de Paris rendu le 6 mai dernier est clair : Le jeu Jungle Speed est reconnu comme une œuvre de l'esprit protégeable au titre des droits d'auteur et le jeu Jungle Jam en est une contrefaçon.
Jouetclub a dû verser des dommages et intérêts à Asmodée, qui va reverser cette somme à une association humanitaire que Jungle Speed a longtemps soutenu (peut être avez-vous acheté une boite avec le logo "1€ reversé à une association pour l'achat de ce jeu").
Cette décision a plusieurs conséquences:
- Pour la première fois, une contre-façon vient d'être avérée judiciairement dans l'univers du jeu de société.
- Les juges reconnaissent le statut d'auteurs: le jeu de société devient donc un objet culturel !
Merci qui ? ... Merci JouéClub !
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